CRITÈRES DE DIAGNOSTIC DU TROUBLE DU SPECTRE DE l’AUTISME (DSM-5)

« Avec tous ces troubles, ce n’est pas nous mais la société qui est dans le trouble » (Tarek Kassem)

« Où sont passés les gens normaux? Au début des années 1980, un tiers environ des américains était éligible à un diagnostic psychiatrique à vie. Aujourd’hui c’est le cas de la moitié d’entre eux…” (extrait p174 du livre Sommes-nous tous des malades mentaux d’Allen Frances)

 

 

Ces critères de diagnostic du trouble du spectre de l’autisme (TSA) sont extraits de la version française du Mini DSM-5,  qui est la version de poche du DSM-5, la référence américaine en psychiatrie.

Ces critères ont uniquement un but informatifs et ne doivent pas servir pour faire un auto-diagnostic et ils ne remplacent aucunement l’avis de professionnels.

 

Trouble du spectre de l’autisme

299.00 (F84.0)

A. Déficits persistants dans la communication et  des interactions sociales  observés dans des contextes variés. Ceux-ci peuvent se manifester par les éléments suivants, soit au cours de la période actuelle, soit dans les antécédents (les exemples sont illustratifs et non exhaustifs) :

  1. Déficits de la réciprocité sociale ou émotionnelle, allant, par exemple, d’anomalies de l’ approche sociale  et d’une incapacité à la conversation bidirectionnelle normale, à des difficultés à partager les intérêts, les émotions et les affects, jusqu’à une incapacité d’initier des interactions sociales ou d’y répondre.
  2. Déficits des comportements de communication non verbaux utilisés au cours  des interactions sociales, allant, par exemple, d’une intégration défectueuse entre la communication verbale et non verbale, à des anomalies du contact visuel et du langage du corps, à des déficits dans la compréhension et l’utilisation des gestes, jusqu’à une absence totale d’expressions faciales et de communication non verbale.

Déficits du développement, du maintien et de la compréhension des relations, allant, par exemple, de difficultés à ajuster le comportement à des contextes sociaux variés, à des difficultés à partager des jeux imaginatifs  ou à se faire des amis, jusqu’à l’absence d’intérêt pour les pairs.

Spécifier la sévérité actuelle :

La sévérité repose sur l’importance des déficits de la communication sociale et des modes comportementaux restreints et répétitifs (cf. tableau 2).

B. Caractère restreint et répétitif des comportements, des intérêts ou des activités, comme en témoignent au moins deux des éléments suivants soit au cours de la période actuelle soit dans les antécédents (les exemples sont illustratifs et non exhaustifs):

  1. Caractère stéréotypé ou répétitif des mouvements, de l’utilisation des objets ou du langage (par exemple stéréotypies motrices simples, activités d’alignement de jouets ou de rotation des objets, écholalie, phrases idiosyncrasiques).
  2. Intolérance au changement, adhésion inflexible à des routines ou à des modes comportementaux verbaux ou non verbaux ritualisés (par exemple détresse extrême provoquée par des changements mineurs, difficultés à gérer les transitions, modes de pensée rigides, ritualisation des formules  de salutation, nécessité de prendre le même chemin ou  de manger les même aliments tous les jours).
  3. Intérêts extrêmement  restreints et  fixes,  anormaux soit dans leur intensité soit dans  leur but (par exemple attachement à des objets insolites ou préoccupations à propos de ce type d’objets, intérêts excessivement circonscrits ou persévérants)
  4. Hyper-ou hyporéactivité aux stimulations sensorielles ou intérêt inhabituel pour les aspects sensoriels de l’environnement (par exemple indifférence apparente à la douleur ou à la température, réaction négatives à des sons ou à des textures spécifiques, action de flairer ou de toucher excessivement les objets, fascination visuelle pour les lumières ou les mouvements).

Spécifier la sévérité actuelle :

La sévérité repose sur l’importance des déficits de la communication sociale et des modes comportementaux restreints et répétitifs (cf. tableau 2).

C. Les symptômes doivent être présents dès les étapes précoces du développement (mais ils ne sont pas nécessairement pleinement manifestes avant que les demandes sociales n’ excèdent les capacités limitées de la personne, ou ils peuvent  être  masquées plus tard dans la vie  par des stratégies apprises).

D. Les symptômes occasionnent un  retentissement cliniquement significatif en termes de fonctionnement actuel social, scolaire/professionnel ou dans d’autres domaines importants.

E. Ces troubles ne sont pas mieux expliqués par un handicap intellectuel (trouble du développement intellectuel) ou un retard global du développement. La déficience intellectuelle et le trouble du spectre de l’autisme sont fréquemment associés. Pour permettre un diagnostic de comorbidité entre un trouble du spectre de l’autisme et un handicap intellectuel, l’altération de la communication sociale doit être supérieure à ce qui serait attendu pour le niveau de développement général.

NB :  Les personnes ayant, selon le  DSM-IV, un diagnostic bien établi de trouble autistique, de syndrome d’Asperger ou de trouble envahissant du développement non spécifié doivent recevoir un diagnostic de troubles du spectre de l’autisme. Chez les sujets ayant des déficits marqués de la communication sociale mais qui ne répondent pas aux critères du trouble autistique, l’existence d’un trouble de communication sociale (pragmatique) doit être considérée.

 

Tableau 2. Niveaux de sévérité du trouble du spectre de l’autisme

Niveau de sévéritéCommunication socialeComportements restreints, répétitifs
Niveau 3 : « Nécessitant une aide très importante »
De déficits graves des compétences de communication sociale verbale et non verbale, responsables d’un retentissement sévère sur le fonctionnement; limitation très sévère de la capacité d’initier des relations, et réponse minime aux initiatives sociales émanant d’autrui. Par exemple, un sujet n’utilisant que quelques mots intelligibles et qui initie rarement ou de façon inhabituelle les interactions, surtout pour répondre à des besoins, et qui ne répond qu’à des approches sociales très directes.
Comportement inflexible, difficulté extrême à faire face au changement ou autres comportements restreints ou répétitifs interférant de façon marquée avec le fonctionnement dans l’ensemble des domaines. Détresse importante/ difficulté à faire varier l’objet de l’attention ou de l’action.
Niveau 2 : « Nécessitant une aide importante»Déficits marqués des compétences de communication sociale verbale et non verbale; retentissement social apparent, en dépit des aides apportées; capacité limitée à initier des relations et réponse réduite ou anormale aux initiatives sociales émanant d’autrui. Par exemple, un sujet utilisant des phrases simples, dont les interactions sont limitées à des intérêts spécifiques et restreints et qui a une communication non verbale nettement bizarre.
Le manque de flexibilité du comportement, la difficulté à tolérer le changement ou d’autres comportements restreints/répétitifs sont assez fréquents pour être évidents pour l’observateur non averti et retentir sur le fonctionnement dans une variété de contextes. Détresse importante/difficulté à faire varier l’objet de l’attention ou de l’action.
Niveau 1 : « Nécessitant de l’aide »Sans aide, les déficits de la communication sociale sont source d’un retentissement fonctionnel observable. Difficulté à initier les relations sociales et exemples manifestes de réponses atypiques ou inefficaces en réponse aux initiatives sociales émanant d’autrui. Peut sembler avoir peu d’intérêt pour les interactions sociales. Par exemple, un sujet capable de s’exprimer par des phrases complètes, qui engage la conversation mais qui ne parvient pas à avoir des échanges sociaux réciproques et dont les tentatives pour se faire des amis sont généralement étranges et inefficaces.
Le manque de flexibilité du comportement a un retentissement significatif sur le fonctionnement dans un ou plusieurs contextes. Difficulté de passer d’une activité à l’autre. Des problèmes d’organisation ou de planification gênent le développement de l’autonomie.

 

RÉFÉRENCE :

Extraits p 24 à 27 du « Mini DSM-5 CRITÈRES DIAGNOSTIQUES »

American Psychiatric Association, Traduction française coordonnée par Marc-Antoine Crocq, Traduction française coordonnée par Julien-Daniel Guelfi, Traduction française coordonnée par Patrice Boyer, Traduction française coordonnée par Charles-Bernard Pull, Traduction française coordonnée par Marie-Claire Pull. Editeur: Elsevier Masson. Date de publication: 11/2015. Nombre de pages: 408. EISBN: 9782294743405

 

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